Les plantes communiquent et s’entraident [Extraits]

Par Sabina Qureshi

Suzanne Simard, écologiste forestière à l’Université de Colombie-Britannique, et ses collègues ont fait une découverte majeure : les arbres et les plantes communiquent et interagissent entre eux à travers un réseau souterrain de champignons qui les relie au sein d’un même écosystème. Cette symbiose permet le partage intentionnel des ressources et contribue à l’épanouissement de l’ensemble du système.

S. Simard et son équipe sont arrivés à cette découverte en observant des filaments fongiques blancs et jaunes qui brillaient sur le sol de la forêt. Leurs études ont montré qu’il existe une relation symbiotique bénéfique entre ces champignons et les racines des arbres de la forêt. Ils échangent du carbone, de l’eau, de l’azote, des métabolites et nutriments dont ils ont besoin, et les grands arbres utilisent ce réseau pour pourvoir aux besoins des arbres plus jeunes. « Sans cette aide, la plupart des semis ne prendraient pas », explique-t-elle. Ce réseau souterrain complexe, véritable réseau social collaboratif reliant tous les arbres est d’une telle importance que les scientifiques lui ont donné le nom de « Wood Wide Web ». Il relie entre elles des plantes situées jusqu’à 200 mètres de distance.

La découverte est récente, mais le lien entre les arbres et leurs associés en sous-sol remonte à 450 millions d’années. Une pincée de terre peut contenir jusqu’à sept mille filaments mycéliens ou hyphes qui s’infiltrent dans le sol et le réseau racinaire de manière non invasive, et créent un lien avec les arbres au niveau cellulaire. Ce lien est appelé mycorhize.

Cette relation mutualiste est basée sur un échange ; les champignons apportent à l’arbre de l’azote (pour produire la lignite qui lui permet de grandir et s’ériger bien droit ; sans cet apport d’azote, les arbres resteraient tout petits), du magnésium, du calcium, du cuivre et autres minéraux. En retour, l’arbre apporte aux champignons du carbone (qui est essentiellement de la nourriture) et les sucres dont ils ont besoin, que l’arbre synthétise par photosynthèse.

Entre 20 et 80 % du sucre fabriqué par un arbre peut être transféré aux champignons à sa racine.

Les études effectuées par Suzanne Simard montrent que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les arbres ne sont pas en concurrence les uns avec les autres, mais travaillent en équipe. Et ce travail est facilité par les champignons mycorhiziens.

S. Simard mentionne le cas d’un sapin Douglas et d’un bouleau plantés côte à côte. Lorsqu’on coupa le bouleau, on observa un résultat tout-à-fait inattendu : le sapin, au lieu de prospérer grâce à la disparition du bouleau qui lui prenait de la lumière du soleil, s’est affaibli jusqu’à mourir. Les arbres, connectés sous terre par le système mycorhizien, s’échangeaient des éléments biochimiques, des informations. Ils se « parlaient ». S. Simard fait état d’« une sorte d’intelligence » des arbres…

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Références :
Mother Trees Use Fungal Communication Systems to Preserve Forests, Jane Engelsiepen, Ecology Global Network, 8 octobre 2012.
The Wood Wide Web : the world of trees underneath the surface, Hasan Chowdhury, New Statesman, Science & Tech, 26 août 2016.
Fungal threads are the internet of the plant world, Michael Marshall,
New Scientist, 10 novembre 2010.
radiolab.org/story/from-tree-to-shining-tree/

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